Valentin Siméon Zinga crée la "Démocratisation assistée".
« L’auteur s’est trompé de titre, ou a [alors] choisi d’esquiver le président, qui est au centre de ses chroniques… » Dr Alexandre Djimeli.
Après la "Démocratie avancée", la "Démocratie emballée", la "Démocratie précipitée",… voici venue le temps de la "Démocratisation assistée". C’est du moins le titre de l’ouvrage que vient de commettre Valentin Siméon Zinga. Cet observateur pointilleux du champ politique camerounais, ancien journaliste du Messager, est un créateur affiné de concepts, pour saisir le dynamisme les dynamiques du champ politique camerounais.
Son ouvrage, parut aux éditions Ifrikiya en mars 2018, a été dédicacé en fin de semaine dernière à l’Alliance franco-camerounaise. Selon Dr alexandre Djimeli, signataire d’une note critique de lecture faite pour la circonstance, l’auteur « y donne de la consistance à la "Démocratisation assistée" en deux cent quatre-vingt-dix pages. »
Et « cette consistance tient en un assemblage de quatre-vingt-quatre chroniques éditorialisantes, publiées dans la presse au cours des décennies 2000 et 2010. » Ces chroniques se déclinent en cinq parties : L’Activité du président ; Le Gouvernement à l’œuvre ; Le Jeu des acteurs politiques ; La Modernisation de l’appareil électoral ; Les Médias, le sort et la politique internationale.
Ces textes, des éditoriaux en majorité, présentent des faits d’actualité sur la base desquels l’auteur interroge la démocratisation du Cameroun, et arrête ce qu’il en pense.
Dans les dynamiques du champ politique qui l’intéressent, l’auteur tente de voir comment le jeu des acteurs et le fonctionnement des institutions déterminent la qualité de la démocratie qui impacte le Cameroun, en bien ou non. Dans son assertion la plus courante, la démocratie est considérée comme "Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple."
Or, la réflexion conduite par l’essayiste laisse penser que l’assistance reçue par le peuple, dans le processus de démocratisation du Cameroun, a conduit la gouvernance du pays vers les rivages du non-sens démocratique. Et ce non-sens se perçoit au travers des critiques portées contre le penchant qu’a « l’oligarchie gouvernante à la dictature, la politique du ventre de certains acteurs politiques, l’imposture électorale, le rôle trouble des médias, l’instrumentalisation… »
Sur le plan de l’interdépendance des pouvoirs, il conclut que la séparation des trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire n’est qu’une vue de l’esprit, du moment où tout est centré sur la figure présidentielle. Ce qui, pour l’enseignant de cultures et civilisations africaines, « laisse par moments l’impression que Valentin Zinga s’est trompé de titre, ou a [alors] choisi d’esquiver le président qui est [pourtant bien] au centre de ses chroniques… »
Si le travail de l’auteur émet un écho de déjà entendu, il s’agit en fait « d’un projet de recréation pour donner une vie nouvelle à ce qui a déjà existé, afin de faire percevoir autrement ce qui a déjà été soumis à la consommation, sous une autre forme… »
Par cet ouvrage, l’auteur a donné en un volume, selon Djimeli, « une tendance lourde de sa compréhension du champ politique camerounais. Son agenda [étant] de donner à revoir, grâce à une série de ses réflexions ponctuelles, comment les dynamiques de ce champ construisent ou déconstruisent la démocratie… »
Et pour chuter, l’auteur de la note de lecture a invité son auditoire à poser l’acte d’achat du livre, en lui souhaitant d’avance bonne lecture, dans la mesure où « Aucune impression de lecture ne peut remplacer ou égaler l’expérience de la lecture elle-même… »
Roch Kenfack